Le cèdre
Dans l’ancien parc du prieuré,
le cèdre séculaire est menacé.
Depuis longtemps déjà,
ses racines sont prisonnières de l’asphalte.
Il a échappé à la pollution,
étendant sa ramure, toujours plus haut vers le ciel.,
Il a résisté au béton,
Puis s’est fait une raison.
A l’abri des grands vents.
il n’aperçoit plus le fleuve lointain,
la forêt, le soleil couchant.
Il a résisté à bien des fléaux :
garnements cassant ses branches,
maladies cryptogamiques, émeutes,
guerres et liesses.
Il a tressailli aux pas des chevaux,
aux roues des charettes sur les pavés disjoints,
vibré aux explosions des moteurs,
frémi aux vrombrissements des avions.
Aujourd’hui, un danger plus terrible encore le menace,
l’ébranle du tronc jusqu’à la cime.
C’est un grondement venu des entrailles de la terre
qui progresse, s’amplifie : le Métro !
Des Hommes réunis discutent âprement de son sort.
Ils ne sont pas d’accord !
On s’affaire à son pourtour
Déjà il pressent l’entaille de la scie
Sur son écorce vermoulue.
La mâchoire de la grue...
C'est fini ! Il ne tremble plus.
Là haut sur la colline,
Il domine la ville, le fleuve et ses péniches,
Les bois clairsemés au lointain
L’horizon, et le soleil dans son déclin.
Anita Dudouit